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Assemblée nationale : une réforme disciplinaire qui divise jusque dans l’opposition

L’Assemblée nationale a adopté une réforme controversée de son règlement intérieur, durcissant les sanctions à l’encontre des députés. Les nouveaux articles 80 à 84 instaurent un cadre disciplinaire plus strict : confiscation de la parole, exclusion temporaire pouvant aller jusqu’à quatre mois, réduction des indemnités et interdiction d’accès aux locaux parlementaires.

Les comportements désormais sanctionnables incluent les insultes envers le président, les membres du gouvernement ou les institutions, les propos racistes ou incitatifs, les atteintes aux symboles religieux, ainsi que les violences verbales ou physiques dans l’hémicycle. En cas de refus d’obtempérer à une mesure d’expulsion, les travaux parlementaires seront automatiquement suspendus.

La majorité présidentielle justifie ce durcissement par la volonté de préserver l’ordre et la sérénité des débats. Mais c’est la participation du parti d’opposition Tewassoul, qui a voté en faveur du texte, qui a suscité le plus de remous. Le député Saddaf Ould Adda a défendu ce choix en soulignant les amendements introduits par son groupe, comme la réduction du nombre de députés requis pour créer une commission d’enquête, passé de 30 à 12.

Cependant, plusieurs députés – y compris dans les rangs de l’opposition – ont vivement critiqué la réforme. Khally Diallo évoque une transformation de l’Assemblée en « caserne », tandis que Mohamed Lemine Ould Sidi Maouloud dénonce « une vague de répression ». D’autres pointent une atteinte au droit à la parole garanti par la Constitution, ou un affaiblissement du rôle de contrôle du Parlement.

Le débat dépasse les clivages partisans : au sein même des groupes politiques, des voix discordantes s’élèvent entre partisans d’un encadrement plus rigoureux et défenseurs d’une liberté d’expression parlementaire étendue.

Pour beaucoup, cette réforme marque un tournant : l’Assemblée ne sera plus seulement un lieu de débat, mais aussi un terrain de discipline – au risque, pour certains, d’y étouffer la voix des élus.

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